L'enquête rapportée dans Le revolver de Maigret est loin d'être facile : débutée à Paris dans l'appartement des Maigret, boulevard Richard-Lenoir, elle se termine dans un hôtel de Londres, une ville qui inspire peu le commissaire. De plus, il ne parvient pas à résoudre tout à fait l'affaire et il doit se consoler en sachant que les coupables de cette histoire de chantage et de vengeance ayant abouti à assassinat d’un député – dont le corps est retrouvé dans une malle à la gare du Nord – seront un jour confondus.
En sus des principaux protagonistes – une femme de tête sans scrupules, un homme que l'amour rend faible, un jeune homme un peu perdu – on retrouve des personnages familiers, une concierge bavarde et pour une fois aimable, une petit bonne délurée et contente d'elle. Le revolver de Maigret marque aussi l'entrée en scène du Dr. Pardon (lui et son épouse deviendront les rares amis des Maigret) et le retour de l'inspecteur Pykes, de Scotland Yard, déjà rencontré dans Mon ami Maigret.

Dans ce roman, parfois comparé aux « romans durs » de Simenon, Maigret essaie une fois encore de percer l'énigme des existences. Au sein d’une société où s’agitent des personnages pathétiques (Lagrange) ou abjects (Jeanne Debul) et où sommeillent de misérables petits secrets, il montre son caractère humain et son attention aux autres, en particulier à Alain, le fils de Lagrange. Au-delà de sa capacité à résoudre des énigmes, il se pose une fois de plus en sauveur des âmes, quitte à avoir sa propre interprétation de la justice.
Quand, plus tard, Maigret penserait à cette enquête-là, ce serait toujours comme à quelque chose d'un peu anormal, s'associant dans son esprit à ces maladies qui ne se déclarent pas franchement, mais commencent par des malaises vagues, des pincements, des symptômes trop bénins pour qu'on accepte d'y prêter attention. (2007 - V : 729)
Georges Simenon, le voleur de Maigret, © Presses de la Cité, 1952 et Omnibus, 2007.