Le commissaire Maigret, de la Police Judicaire de Paris, a accompagné Georges Simenon pendant plus de 40 ans, de février 1931 à juillet 1972, soit 75 romans et 28 nouvelles. Paris sert de cadre à 63 romans et à 18 nouvelles.
Venu de l’Allier, Jules Maigret s’est vite imprégné d'une ville qu’il a commencé à parcourir comme simple agent de police. Ayant gravi les échelons jusqu’à être pressenti pour prendre la direction de la P.J., il a connu la plupart des services – voie publique, gares, métro, grands magasins, garnis, mœurs et jeux – avant de terminer à la tête de la brigade criminelle. Sa connaissance de la capitale est profonde, intime, jalonnée de lieux familiers. Entre son domicile du boulevard Richard-Lenoir et le quai des Orfèvres, ses enquêtes le mènent dans tous les quartiers, bourgeois ou populaires, riches ou pauvres, paisibles ou pris dans l’agitation urbaine.
Dédaignant en général le métro, Maigret se déplace en surface, à pied, en autobus, en taxi ou dans les voitures de la P.J. d’où il peut profiter du spectacle de la rue car il ne conduit pas. Il peut ainsi sentir l’atmosphère de chaque quartier, Montparnasse et sa foule cosmopolite (La tête d’un homme), Montmartre (Maigret et le fantôme), Pigalle et ses cabarets (Maigret au Picratt’s), les Champs-Elysées et leurs palaces (Les caves du Majestic), les grands boulevards (Maigret et l'homme du banc), les quais (Maigret et le clochard) ou les canaux (L’écluse n° 1). Il y retrouve des lieux qu'il affectionne où il peu laisser libre cours à ses pensées, l’arrière-salle d'un restaurant ou la terrasse d’un café, la plate-forme d’un autobus où il peut fumer sa pipe, un banc dans un square. Comme le résume Simenon dans La patience de Maigret :
C’était bon de marcher sur le trottoir où les vélums des boutiques dessinaient des rectangles plus sombres, bon d’attendre l’autobus, à côté d’une jeune fille en robe claire, au coin du boulevard Voltaire. La chance était avec lui. Un vieil autobus à plate-forme s’arrêtait au bord du trottoir et il pouvait continuer à fumer sa pipe en regardant glisser le décor et les silhouettes des passants. (© Paris, Presses de la Cité, 1965 & Paris, Omnibus, 2007, volume VIII : 534).
Maigret quitte parfois Paris pour la province, dans des régions que Simenon connait bien pour y avoir vécu : la Vendée (Maigret a peur), les Charentes (Maigret à l’école), la Côte-d’Azur (Liberty Bar). Le commissaire s’y rend pour une enquête (L’inspecteur cadavre), pour se reposer (Les vacances de Maigret) ou pour rendre visite à un ami (Le fou de Bergerac), mais aussi parce que les aléas de sa carrière l’éloignent de la capitale (La maison du juge). Il y côtoie les personnages les plus divers : des notables (Le port des brumes), des hobereaux (Monsieur Gallet, décédé), les anciens patrons de son père (L’affaire Saint-Fiacre) ou des amis de sa jeunesse (L’ami d’enfance de Maigret). Enfin, il franchit parfois les frontières, pour la Belgique (Chez les Flamands, Le pendu de Saint-Phollien), les Pays-Bas (Un crime en Hollande), l'Angleterre (Le revolver de Maigret) et même les Etats-Unis (Maigret à New-York, Maigret chez le coroner).