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Maigret est tiré de sa retraite de Meung-sur-Loire par une vielle dame autoritaire, Bernadette Amorelle, persuadée que la noyade de sa petite-fille Monita, une excellente nageuse, n’est pas accidentelle. Arrivé sur place à Orsenne, il fait la connaissance des filles de Mme Amorelle et de leurs maris, les frères Malik, dont l’un, Ernest, est un ancien condisciple du lycée de Moulins. Maigret se fâche commence par une scène de comédie, quand Mme Amorelle prend le couple occupé à des tâches ménagères pour des domestiques et enlève pratiquement Maigret – « Or voilà qu’il se laissait embobiner par une vieille femme surgie dans l’encadrement de la petite porte verte » – et se termine en tragédie.

L’ancien commissaire, pas mécontent de reprendre du service – bien qu’agissant à titre officieux, il sollicite l’aide de ses anciens collaborateurs – se livre à une patiente recherche sur les secrets d’une famille de riches armateurs et entrepreneurs. L’enquête se révèle complexe et même rocambolesque : mort mystérieuse d’une jeune fille, coups de feu contre Maigret, enfant séquestré par son père et enlevé par le commissaire avec l’aide d’un ancien cambrioleur, course-poursuite à bicyclette. Des péripéties qui s’accompagnent de portraits sans complaisance des membres de la famille et de la découverte de squelettes enfouis au plus profond des armoires, comme le résume le titre du dernier chapitre. Une fois encore, Simenon décrit l’ignominie et la manipulation qui se cachent derrière la réussite sociale, la fortune et une respectabilité qu’il faut à tout prix préserver. Et si Maigret, faute de preuves, ne peut finalement rien contre ce monde de crapules, d’autres prennent les décisions qui s’imposent. Une justice immanente en quelque sorte.

Maigret se fâche est l’occasion pour Maigret de retrouver Ernest Malik, un ancien élève comme lui du lycée Banville de Moulins, qui a fait fortune en étant peu regardant sur les moyens d'atteindre ses fins et qui étale sa richesse de parvenu. Pas toutefois de quoi impressionner Maigret, qui qui sait discerner ce qui se cache derrière les êtres : « Il faut arriver à les voir comme les autres, à les voir tout nus… ».

Malik n’est pas le seul « ami » d’enfance ou de jeunesse qui réapparait dans les enquêtes, des retrouvailles qui ne procurent guère de plaisir au commissaire : Ferdinand Fumal (Un échec de Maigret) est aussi méprisable que Malik, Léon Florentin (L’ami d’enfance de Maigret) est un raté et Bouchardon (L’affaire Saint-Fiacre) un médiocre. Quand au juge Chabot de Maigret a peur et de Maigret chez le ministre, il a mal vieilli (peut-être parce qu’il ne s’est jamais marié, analyse Mme Maigret) et est devenu un notable de province soucieux du regard des autres. Dans ce contexte, les relations complices que Maigret entretient dans Maigret se fâche avec Mimile, une vieille connaissance au casier chargé mais qui sait à l’occasion lui rendre quelques services, ou avec Raymonde, la bonne de l’auberge, avec qui il partage une omelette sur la table de la cuisine, prennent ici une saveur particulière.

Georges Simenon, Maigret se fâche © Paris, Presses de la Cité, 1947 & Omnibus, 2007.

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Tag(s) : #1945, #Scènes de la vie de province, #Paris, #canaux, #Presses de la Cité, #Meung-sur-Loire, #Bourbonnais
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