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Informé par le Préfet de police en personne qu'une plainte a été déposée contre lui pour des actes déplacés sur une jeune fille de bonne famille à qui il est venu en aide la veille, Maigret, tout d’abord stupéfait, est bien décidé à découvrir qui est derrière ce qui ne peut être qu’une machination. Interdit d’enquêter par ses supérieurs, objet d’une filature puis placé en congé maladie, il peut toutefois compter sur le soutien de son épouse, la fidélité de ses inspecteurs et l’aide de son ami le Dr. Pardon.

Maigret se défend se fonde sur le thème du « seul contre tous », récurrent dans la littérature policière, que l’enquêteur soit écarté d’une affaire pour faute ou conflit d’intérêt ou qu’il soit désavoué par sa hiérarchie pour des raisons diverses, politiques le plus souvent. Ici, il y va de la réputation et de l’honneur d’un homme proche de la retraite après trente ans de carrière dont dix à la tête de la brigade criminelle. Cela renforce sa détermination à se défendre, d’autant plus que ses accusateurs sont des représentants de la haute sphère politique contre lesquels la justice n’a que peu de prise.

La vérité est qu’au cours d’une enquête j’ai été amené à m’occuper de gens qui ont le bras long et, comme j’ai l’habitude d’aller jusqu’au bout de ce que j’entreprends, on m’a vivement conseillé de me reposer quelques jours… (2007-VIII : 515)

Unique diptyque de la série, Maigret se défend est le premier volet d’une enquête sur un gang de voleurs de bijoux qui se conclut avec La patience de Maigret. Elle conduit le commissaire à se rendre régulièrement rue des Acacias chez Manuel Palmeri, un vieux truand infirme, soi-disant retiré des affaires. Ce sont ces visites qui vont inquiéter un autre habitant de la rue et le pousser à monter un plan machiavélique pour tenter d’échapper à ce qu’il croit être une surveillance de ses faits et gestes. La traque du gang des bijouteries laisse alors la place provisoirement à une nouvelle enquête criminelle. 

Outre la réponse apportée aux agissements de ceux qui voulaient lui nuire et aux accusations de ceux qui ne lui ont pas témoigné pleinement leur confiance, un jeune préfet de police sûr de lui en premier lieu, Maigret se défend permet au commissaire d'affiner sa théorie sur le « criminel à l’état pur, le « criminel total » qu’il n’a jamais découvert, comme il le confie à Pardon. Pour lui, tout crime peut s’expliquer psychologiquement, « Sous une pression intérieure ou extérieure suffisante, n’importe qui est susceptible de commettre des actes que la loi et la morale réprouvent », et le seule interrogation est de savoir comment, à quel moment et pourquoi un être sans histoires peut devenir un criminel.

Persuadé que les raisons du passage à l'acte sont ici à rechercher au plus profond d'une histoire personnelle particulièrement douloureuse, Maigret, une fois encore, sait faire preuve de compréhension : il mène certes son enquête à son terme et livre le coupable, un dangereux prédateur, à la justice, mais se propose d'être témoin à décharge lors du procès. Quant aux attaques et aux fausses accusations portées contre lui, elles lui laisseront un souvenir amer. Revenu en grâce auprès de sa hiérarchie, Maigret oublie l'affront pour un temps et reprend l'enquête sur les vols de bijoux. 

Georges Simenon, Maigret se défend © Paris, Presses de la Cité, 1964 et Omnibus, 2007

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Tag(s) : #1964, #Paris, #Gangsters et milieu, #Presses de la Cité
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