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 Après qu’une lettre anonyme ait averti Maigret qu'un crime serait bientôt commis, le commissaire et ses collaborateurs découvrent qu’elle provient du domicile de Maître Parendon, un avocat spécialiste de droit maritime. Intrigué, celui-ci permet à Maigret d’enquêter dans le vaste et luxueux appartement de la rue Miromesnil qui abrite également son cabinet. Durant deux jours, Maigret interroge et observe. Mais au troisième jour, après que deux autres lettres aient été adressées à la police, il ne peut empêcher qu’un meurtre soit commis dans la maison.

Maigret hésite est un roman en deux parties, la première décrivant une enquête a priori puisqu’il n’y a pas de crime (comme dans Les scrupules de Maigret), au cours de laquelle le commissaire se livre à son exercice favori, observer les gens, ici la famille et les collaborateurs de Maitre Parendon, et cerner leur personnalité. C’est surtout le juriste qui l’intéresse tout d’abord, peut-être parce qu’il semble être la victime la plus probable. Mais surtout, dès leur premier entretien, Parendon capte l’attention de Maigret en lui faisant part de sa passion pour l’article 64 du code pénal qui énonce qu'il n'y a « ni crime ni délit, lorsque le prévenu était en état de démence au moment de l'action, ou lorsqu'il a été contraint par une force à laquelle il n'a pu résister ».

L'article 64, oui… Maigret en avait souvent discuté avec son ami Pardon en particulier. On en discutait aussi presque à chaque congrès de la société internationale de criminologie et il existe de gros ouvrages sur ce sujet, les ouvrages justement qui remplissaient pour une grande partie la bibliothèque de Parendon. (2008-IX : 45-46)

En prenant ce point de droit comme fil rouge du roman, Simenon s’interroge une fois de plus sur la responsabilité du criminel, une question que Maigret garde toujours à l'esprit : ne pas juger et ne pas décider de la culpabilité. D’ailleurs, si la personne qu’il arrête finalement a tué, est-elle « vraiment » coupable ?

L’appartement d’une famille de la haute bourgeoisie sert de cadre à une étude de mœurs et à une investigation poussée autour d'un autre thème récurrent chez Simenon, la mésalliance, source de la lente destruction du couple et de la structure familiale. Parendon vient d’un milieu modeste et comme son père, illustre professeur de médecine, il ne doit sa brillante position sociale qu’à son intelligence et à un travail acharné. C’est un homme souffrant d’une disgrâce physique qui sort peu, préférant aux mondanités ses livres de droit et de psychologie criminelle. A l’opposé, son épouse, issue d’une famille de robins, mène la vie d’une grande bourgeoise, entre bridge, événements de charité et thés mondains. Sûre d’elle, attachée aux prérogatives de son statut social, alternant sarcasmes, menaces et éclats de colère, elle se révèle une adversaire redoutable pour Maigret. Mme Parendon rejoint ainsi la galerie des femmes qui lui tiennent tête et parviennent à le décontenancer : Aline Calas dans Maigret et le corps sans tête ou Nathalie Sabin-Levesque dans Maigret et Monsieur Charles.

Les Parendon ne sont pas les seuls à être sous la loupe du romancier. Leurs deux enfants, ballotés entre leur mère et leur père, sont aussi très présents et leur indépendance proche de l’isolement témoigne de l’incompréhension régnant dans la famille. D'ailleurs n'ont-ils pas choisi de nouveaux prenons, Jacques se faisant appeler Gus et Pauline Bambi? C’est à eux que Maigret pense plus particulièrement à la fin du roman : « Pour eux aussi, la vie, pendant un certain temps au moins, allait être difficile. » (2008-IX : 126). Les destinées toujours, mais ici celles que l’on ne peut pas raccommoder.

Georges Simenon – Maigret hésite © Paris, Presses de la Cité, 1968 et Omnibus, 2008

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Tag(s) : #1968, #Paris, #Presses de la Cité
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