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 Mme Maigret a sympathisé avec une jeune femme square d’Anvers alors qu’elle attend son rendez-vous chez le dentiste. Mais un jour, celle-ci disparait pendant de longues heures après lui avoir confié l’enfant qui l’accompagne habituellement. Par ailleurs, une affaite tient depuis plusieurs jours la P.J. et Paris en haleine : suite à une dénonciation anonyme, deux dents humaines ont été découvertes dans le calorifère d’un relieur de la rue de Turenne, Frans Steuvels. Celui-ci a été arrêté mais l’enquête piétine. La presse est en effervescence et Philippe Liotard, un jeune avocat sans scrupules, essaie de tirer la situation à son avantage en proposant au relieur d’assurer sa défense.

L'amie de Madame Maigret.
Paris - Place des Vosges.

L’amie de Madame Maigret est intéressant à double titre. D’abord parce que l’épouse du commissaire y joue un rôle non négligeable (au point que c’est son nom qui figure dans le titre), comme témoin et grâce aux recherches qu’elle entreprend. Alors que dans Le fou de Bergerac sa contribution se limitait à observer et à rendre compte, ici c’est elle qui met Maigret sur la piste d’une des victimes. Ensuite parce ce que le roman entremêle deux intrigues qui est la mystérieuse femme du square d’Anvers et que s’est-il passé rue de Turenne ? qui finissent par se rejoindre. Ce n’est que dans les toutes dernières pages que Maigret explique au juge d’instruction ce qui s’est passé dans l’atelier de la rue de Turenne.

Le point fort du roman est la frustration que ressent Maigret face à une enquête qui part en tous sens et ne mène à rien. L'impression de ne plus contrôler les choses et de perdre pied l'amène à envisager de tout reprendre à sa manière :

Il n’était pas en train, mécontent de lui et de la tournure de l’enquête. Il en voulait particulièrement à Philippe Liotard, qui l’avait obligé à abandonner ses méthodes habituelles et à mettre, dès le début, tous les services en mouvement.

Maintenant, trop de gens s’occupaient de l’affaire, qu’il ne pouvait contrôler personnellement, et celle-ci se compliquait comme à plaisir, de nouveaux personnages surgissaient, dont il ne savait à peu près rien et dont il était incapable de deviner le rôle.

Par deux fois, il avait eu envie de reprendre l’enquête à son début, tout seul, lentement, pesamment, selon sa méthode favorite, mais ce n’était plus possible, la machine était en marche et il n’y avait plus moyen de l’arrêter. (2007-V : 64-65)

Ce qu’il fait, tout en réfléchissant à sa façon de travailler : l’avocat de Steuvels ne l’a-t-il pas accusé dans la presse d’être un « policier de la vieille école », un « homme qui date ».

L'amie de Madame Maigret.
Rue de Turenne

Roman de procédure, L’Amie de Madame Maigret décrit une enquête impliquant plusieurs des inspecteurs du commissaire (dont le « petit » Lapointe qui fait ici ses débuts et que l’on retrouve dans Maigret au Picratt’s), la police scientifique avec l’indispensable Moers, le légiste et un juge d’instruction compréhensif, sans oublier Louise Maigret, souvent dépeinte comme une femme au foyer timide, voire « popote », mais qui se montre ici résolue et efficace, par exemple quand elle fait part à son mari de détails sur les vêtements d’une des protagonistes que seule une femme saurait remarquer. C’est aussi un roman aux personnages secondaires bien typés comme Fernande, par exemple, l’épouse du relieur, ou Philippe Liotard, figure de l’avocat arriviste et, ici, malhonnête. Pourtant le mépris initial que Maigret manifeste à son encontre fait finalement place à de la mansuétude. Certainement pour ne pas mettre en péril la carrière d’un jeune homme pauvre qui n’attendait qu’une affaire qui lui permettrait de se faire remarquer. Raccommoder les destins, toujours…

Georges Simenon, L'amie de Madame Maigret © Paris Presses de la Cité, 1950 et Omnibus, 2007.

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Tag(s) : #Paris, #Presses de la Cité, #1949
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